Voilà à quoi pourraient ressembler, en 2024, vos conversations à la machine à café lorsque vous évoquerez les prochaines vacances : «Au printemps on s’est dit qu’on se ferait bien une “dupe destination”. Et toi Cathy, tu pars ?» «Nous, on va s’offrir un séjour détox avec Jean-Michel, on est rincés ! Et toi, Roger ?» «Ah moi cette année, je “set-jette” à Paris !» Ce sont les résultats d’une étude, menée par les marques Expedia, Hostels.com et Abritel auprès de 20 000 voyageurs et croisée avec des données internes (concernant notamment les recherches effectuées sur les sites ou l’analyse des commentaires), rendue publique mercredi 8 novembre, qui se propose de dégager les grandes tendances du secteur du voyage pour 2024. Trois tendances, donc, émergent notamment : l’attrait pour les «dupe destinations», pour le «set-jetting» et l’intérêt pour les «séjours détox». Kezako ? Décryptage avec Xavier Rousselou, porte-parole d’Expedia et Hostels.com.
Pourquoi aller se coltiner la foule et les prix élevés à Santorin (Grèce), quand on peut profiter de la même qualité d’accueil et de paysages aussi jolis, bien peinard à Paros ? C’est le principe des «dupe destinations» : remplacer un séjour dans un lieu très touristique par un équivalent plus abordable. Dans le top 10 des villes pour lesquelles l’intérêt des voyageurs est grandissant : Taipei (au lieu de Séoul), qui fait l’objet d’une augmentation de 2 768 % des recherches ; Paros au lieu de Santorin, donc ; Curaçao au lieu de Saint-Martin ; Perth à la place de Sydney, Liverpool plutôt que Londres, Palerme au lieu de Lisbonne, Bergen au lieu de Stockholm, Memphis pour éviter Nashville, Cracovie pour remplacer Prague…
«Le principe des “dupes”, c’est au départ venu de la cosmétique, ça consistait à trouver des produits équivalents à ceux de grandes marques, mais moins cher, détaille Xavier Rousselou, et quand on interroge les voyageurs, ils expriment le désir de rechercher des destinations plus abordables, moins fréquentées. Le critère de la fréquentation vient d’ailleurs avant celui du prix. Les autres motivations pour choisir une destination “dupe” c’est de sortir des sentiers battus et de se sentir mieux immergé, avoir plus d’interactions avec la population locale». Est-ce que Santorin, Prague ou Londres doivent frémir face aux concurrents qui attirent sur eux l’intérêt grandissant des touristes ? «Ça ne veut pas dire que ces destinations sont terminées, prévient Xavier Rousselot, elles subissent toujours une pression touristique très forte.»
C’est une tendance qui concerne plutôt les moins de 45 ans, et elle ne semble pas s’essouffler : s’inspirer d’un film ou d’une série télévisée pour choisir sa destination. Après la diffusion d’Emily in Paris, les recherches pour des séjours dans la capitale française, surtout émanant des voyageurs venus d’Amérique du Nord et d’Asie, ont bondi de 200 %, selon l’étude. La ville de Chicago, elle, a connu un pic d’intérêt (+45 %) après la sortie de The Bear, quand Mercredi a fait monter la curiosité pour la Roumanie (+150 % de recherches). Pour autant, ces manifestations d’intérêt ne sont pas toujours suivies d’un acte d’achat. «Cela témoigne d’un intérêt, mécaniquement ça se traduira, pas forcément dans les mêmes proportions, mais vous aurez rarement une croissance négative sur cette destination !», précise Xavier Rousselou.
«Il y a une certaine continuité depuis l’an dernier sur cette tendance. On a travaillé sur les sorties de films et séries attendues pour voir si cela a un effet sur les destinations, et on a vu valider le fait que cet effet existe bien, détaille encore le porte-parole. Emily in Paris par exemple a produit un effet d’attraction, d’ailleurs quand vous vous baladez dans Paris devant certains bâtiments, tout le monde porte un béret, sauf les Parisiens. C’est un peu pour faire comme dans la série. Pour l’année qui vient, on peut s’attendre à un effet positif en termes d’arrivées de touristes dans les Highlands en Ecosse, Malte, la Thaïlande, les Keys ou les Bahamas.»
Le mot «détox» est partout, des emballages de boissons aux produits de soin cosmétiques et même, désormais, sur les fascicules de tour-operator. «Qu’il s’agisse du Dry January ou Sober October, il est clair que le mode de vie sans alcool, ou à consommation d’alcool plus raisonnée, est de plus en plus répandu. Outre les marques de boissons et les célébrités qui lancent des produits non alcoolisés, l’industrie du secteur s’adresse également aux voyageurs en équipant les minibars d’options sans alcool», relève l’étude. Parmi les voyageurs français interrogés, près d’un tiers (27 %) se disaient susceptibles de réserver un séjour détox, et 42 % qu’ils verraient favorablement qu’un hôtel propose des boissons sans alcool.
«En observant les tendances sur les réseaux sociaux, on a remarqué que le mouvement, qui vient des Etats-Unis, autour de la sobriété et de la détox, gagne le monde entier. On voit une adaptation de l’offre à cette demande-là, dans le domaine du voyage, explique Xavier Rousselou. Le but c’est pas de dire que les gens ne vont plus boire d’alcool ou qu’ils veulent tous une retraite sans internet, mais l’offre s’enrichit.»
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