LES BIENFAITS INATTENDUS DES TRAJETS ENTRE LE DOMICILE ET LE BUREAU SUR LA SANTé MENTALE

Les Français se déplacent en moyenne 50 minutes chaque jour (aller-retour) pour aller de leur domicile à leur lieu de travail, selon les études officielles (Dares). Et si beaucoup n’y voient que fatigue et temps perdu, ce chemin quotidien nous apporterait plus qu’on ne le pense et serait même bénéfique pour notre santé mentale et notre équilibre.

Un sas de décompression

Le trajet entre le travail et le domicile marque une vraie rupture : cet espace dit liminal permet de passer d’un rôle à un autre, d’une posture de travail à une posture de détente. Cette transition est particulièrement bénéfique mentalement car elle permet de changer de rythme. « Elle donne une opportunité en santé au travail de clore sa journée et de passer mentalement à la maison ou à l’inverse de se préparer au travail le matin », indique la médecin généraliste Faïza Bossy.

Le temps de trajet agit comme un sas de décompression entre le travail et la vie personnelle. Le soir, cela permet de réfléchir à la journée qui vient de s’écouler, de faire le bilan, et aide à se déconnecter. Le matin, cela permet d’arriver au travail l’esprit clair. « Il permet de se désengager mentalement du travail. C’est une soupape essentielle pour diminuer les risques d’épuisement professionnel », explique la médecin. En télétravail, on perd cette phase qui va permettre de se retrouver face à soi-même et de prendre du recul sur ce qu’il s’est passé dans la journée.

Profiter des bénéfices de la lumière du jour

Pour ceux qui effectuent le trajet à pied ou à vélo, le chemin parcouru permet évidemment de se dépenser physiquement. Si vous passez vos journées assis devant un écran, le moindre mouvement compte pour optimiser votre santé. « Marcher diminue le risque de développer une forme de diabète de près de 60%, ainsi que le stress », développe Faïza Bossy.

On profite aussi de la lumière du jour. « L’exposition à la lumière va permettre la sécrétion de vitamine D, qui contribue à notre santé et à la stimulation du système immunitaire », souligne la médecin. Un manque de vitamine D est bien souvent à l’origine de la si répandue baisse de moral hivernale.

La nature, un anxiolytique naturel

Au-delà des bienfaits physiques, faire un trajet à pied ou à vélo dans la nature, contribue au bien-être mental. « La nature est un anxiolytique naturel. Les émotions toxiques vont être aspirées et transformées en émotions positives », explique le Dr Bossy. Certes, les urbains sont, de fait, défavorisés par rapport à ceux qui vivent à la campagne. Mais tout n’est pas perdu pour les habitants des villes : traverser un parc bien arboré peut aussi s’avérer très bénéfique.

Un facteur d’interaction sociale

Le chemin pour aller travailler favorise les interactions sociales, essentielles à la bonne santé mentale. « Le trajet peut se faire en transports en commun, en covoiturage ou en marchant avec des collègues, on va pouvoir raconter des choses dont on ne parlera pas forcément à la maison ou en famille, discuter de sa journée », affirme la médecin. Cette parenthèse peut se révéler bénéfique à travers le plaisir que l’on peut ressentir lorsque l’on prend les transports en commun avec des collègues que l’on apprécie par exemple.

Une routine salutaire

Pour beaucoup de travailleurs, ce moment pour se mettre en condition de travail est devenu un rituel, dont le Covid a démontré l’importance. « Les rituels nous rassurent. Le fait de savoir qu’on va se lever à telle heure, qu’on va prendre tel moyen de transport, qu’on va rentrer à telle heure... Finalement, cette routine est salutaire sur le plan mental et psychologique », observe Faïza Bossy.

Pour pallier cette absence de trajet en télétravail, la spécialiste recommande de recréer le moment artificiellement. Le matin, au lieu de se mettre directement devant son ordinateur pour travailler, on peut aller marcher pour s’aérer l’esprit et être plus concentré pendant la journée. Cela aide à compartimenter ses activités et à ne pas laisser le travail empiéter sur sa vie personnelle.

Évidemment, se retrouver bloqué dans les bouchons pendant des heures n’a rien de relaxant. Faïza Bossy rappelle ainsi que le temps de trajet ainsi que les conditions de transport sont à prendre en compte. Plus les trajets sont longs et difficiles, plus ils génèrent du stress. « Ces trajets peuvent donc à la fois avoir des bienfaits et des conséquences néfastes sur la santé », conclut-elle.