TOURISME: EN FRANCE, BEAUCOUP DE TOURISTES, MAIS PEU DE RECETTES

Avec 100 millions de visiteurs en 2024, la France reste une destination plébiscitée. Mais les recettes touristiques demeurent assez faibles. Les professionnels s’inquiètent et appellent à davantage d’investissements dans le secteur.

L’année 2024 a marqué un tournant pour le tourisme en France : pour la première fois, le cap des 100 millions de visiteurs a été franchi, selon les chiffres officiels. C’est 2 millions de plus qu’en 2023.

Une performance due à plusieurs facteurs : la tenue des Jeux olympiques et paralympiques, la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ou encore les commémorations du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie.

Dans le détail, la fréquentation a progressé notamment du côté des touristes belges, espagnols et américains. La clientèle asiatique s’est également démarquée, avec une augmentation très nette de 20 à 40 % des nuitées.

Des recettes qui peinent à décoller

Malgré cette affluence, les recettes touristiques restent en retrait. En 2024, la France a généré 71 milliards d’euros de recettes touristiques. Si ce chiffre est en hausse par rapport à 2023, il demeure bien inférieur aux 126 milliards d’euros engrangés par l’Espagne, en tête du classement tout en ayant accueilli moins de visiteurs que la France.

Ce constat inquiète les professionnels du secteur, pour qui l’enjeu se limite moins au nombre de touristes qu’aux retombées économiques. La France risque d’être dépassée, voire concurrencée, par de nouvelles destinations montantes comme l’Albanie.

Une destination de passage plus que de séjour

Comment expliquer un tel décalage entre fréquentation et recettes ? Pour Dominique Marcel, président de l’Alliance France Tourisme, la réponse tient en grande partie au faible temps de séjour des touristes en France. « La France est un pays de passage en raison de sa position géographique, explique-t-il, interrogé par franceinfo. Certains touristes viennent du nord de l’Europe, de l’Allemagne, des Pays-Bas ou d’autres pays et vont en Italie ou en Espagne. Or, pour être considéré comme un touriste au sens des statistiques internationales, il faut avoir passé une journée et une nuit sur place. Ça ne reflète donc pas vraiment la présence touristique dans le pays. »

Une étude de la Commission européenne a récemment classé la France troisième en nombre de nuitées d’étrangers, derrière l’Espagne et l’Italie, et à peine devant la Grèce.

Miser sur l’accueil, l’offre et la stabilité

Face à ce constat, comment retenir plus longtemps les touristes et améliorer les retombées économiques ? Les professionnels du tourisme appellent à un changement de cap. Pour Valérie Boned, présidente des Entreprises du Voyage, trois axes doivent guider la stratégie : investissement, ambition et coordination : « L’accueil est fondamental, mais la culture de l’accueil l’est tout autant. Il faut rendre visible une offre de qualité, et cela nécessite un partenariat public-privé fort ainsi qu’une volonté claire de l’État », explique-t-elle. Elle déplore par ailleurs un manque de continuité politique, avec trois ministres du Tourisme en un an, ce qui complique toute stratégie à long terme.

Les professionnels suggèrent aussi d’investir dans un tourisme plus durable et d’augmenter l’offre d’hébergement, pour inciter les visiteurs à prolonger leur séjour sur le territoire.

2025-07-04T16:30:54Z