"JE NE MONTERAI PLUS DANS UN AVION" : CES JEUNES VOYAGENT à L’éTRANGER SANS POLLUER

Magali, Corentin et Benjamin ont arrêté de prendre l’avion, tout en continuant de partir à l’étranger. À l'approche des vacances d'été, ils mettent en avant ce mode de voyage plus lent, contemplatif et écologique.

L'été approche, et vous voulez voyager à l’étranger sans aggraver le réchauffement climatique ? C'est un désir tout à fait réalisable, comme en témoignent trois jeunes qui sont partis en vacances sans prendre l’avion.

"Mes convictions sont très fortes, je ne monterai plus dans un avion", affirme Magali, 29 ans. Pour elle, arrêter de prendre l’avion est un des rares leviers sur lequel nous pouvons jouer pour freiner le réchauffement climatique.

"Un des plus beaux trains que j’ai pris"

L’hiver dernier, la jeune femme est allée avec ses frères et ses parents à Abisko, dans le nord de la Suède, uniquement en train. Leur périple a débuté avec l’Eurostar, qui les a menés de Paris à Bruxelles. Après deux heures de balade dans la capitale belge, ils ont sauté dans un nouveau train pour rejoindre Aix-la-Chapelle, puis un autre pour Hambourg. "Nous sommes arrivés pour le dîner, avec quatre heures devant nous", raconte Magali.

Un train de nuit les a ensuite emmenés jusqu’à Stockholm, où ils ont passé quatre jours avant de repartir pour Abisko, leur destination finale. Un trajet de 16 heures passé en un claquement de doigts, assure Magali : "On joue à des jeux, on rencontre ses coéquipiers de cabine, on dîne à bord. Et quand on se réveille en Laponie, on en prend plein les yeux. On observe le lever de soleil sur les plaines, des paysages magnifiques défilent, c’est à couper le souffle. C’est un des plus beaux trains que j’ai pris de ma vie !"

Après quatre jours sur place, la famille est également repartie avec des trains de nuit, cette fois-ci en passant par Berlin. Un voyage de deux semaines en tout, dont deux jours et demi de trajet. "Le train fait partie du voyage. On a vu des paysages qu’on n’aurait jamais découverts en avion et on s’est créés d’incroyables souvenirs. En fait, on a bien plus profité de passer du temps ensemble que si on avait été assis dans un avion", témoigne Magali, qui a vécu "le plus beau voyage" de sa vie.

Le voyage en train, un critère dans le choix professionel

Corentin, en VIE au Danemark, est rentré trois fois chez lui, dans le Sud-Ouest, sans jamais prendre l’avion.  "Quand je cherchais mon VIE, c’était un critère que ce soit accessible en train", raconte le jeune homme de 23 ans, diplômé cette année de l'école d'ingénieurs ENSI Poitiers.

"J’étais au courant de l’impact environnemental de l’avion, mais je l’ai encore plus mesuré pendant mes études d’ingénieur. Au vu du réchauffement climatique, ça me tient à cœur de ne plus jamais prendre l’avion", témoigne Corentin.

Gagner en liberté

Benjamin, 21 ans, est actuellement en échange à Londres dans le cadre de ses études à l’école de commerce Neoma Reims. S’il n’a pas complétement arrêté de prendre l’avion, il limite au maximum ce moyen de transport. Il a ainsi déménagé de la France à la Norvège uniquement en train en 2023 et en 2024. "Je trouve que l’avion est plus contraignant et désagréable. Les trajets en train représentent une grande liberté, il y a beaucoup plus d’horaires", souligne-t-il.

Pour voyager sans polluer, il faut "regarder autour de soi", conseille Rosalie Borde, responsable des partenariats chez HOURRAIL !, un média qui aide à voyager sans prendre l’avion. "On rêve souvent de destinations lointaines où tout le monde va alors que la France et l’Europe offrent une grande diversité de paysages et de cultures ! Aller en Norvège en train pour voir des aurores boréales, faire le tour du Cap Corse à vélo, découvrir les petits villages de Dordogne, rejoindre Belle-Ile à la voile ou encore faire la fête dans les capitales européennes : il y a de quoi faire ! affirme Rosalie.

Une autre façon de voyager

Tous ces jeunes rencontrés par l'Etudiant s'accordent sur le fait que le premier long trajet en train a représenté une révélation. La découverte d’une autre façon de voyager.

"Finalement, deux jours de trajet, ça passe vite. C’est très relaxant par rapport à l’avion. On est libre de ses mouvements, on peut se lever, aller au wagon-restaurant, ça casse le voyage et ouvre aux rencontres. Les paysages sont aussi magnifiques, et les escales offrent de belles découvertes", raconte Benjamin.

"Un long trajet en train est moins fatigant. Vous n’avez pas besoin d’aller jusqu’à l’aéroport, de prévoir beaucoup d’avance, de passer tous les contrôles… Et vous arrivez directement dans le centre-ville", ajoute Magali.

Un coût parfois plus élevé

Mais le train peut coûter cher. Le voyage familial jusqu’en Suède de Magali a cependant coûté plus cher qu’en avion. "C’était pour mon anniversaire, donc je ne connais pas les prix exacts, mais c’était un sacré budget : dans les 1.000 euros par personne", pointe la jeune femme.

Certains trajets peuvent parfois être plus économiques que l’avion, surtout lorsqu’ils sont réservés en avance. Corentin a par exemple payé 150 euros pour un aller-retour entre Paris et Rødby. Benjamin a quant à lui déboursé 350 pour son pass Interrail valable deux mois, qui lui a permis de visiter l’Italie, la Slovénie, la Croatie, la Hongrie, l’Autriche, l’Allemagne, la Belgique, la Suisse…

"Il existe plein d’astuces pour limiter les frais : réserver à l’avance, utiliser les trains low cost comme OUIGO, TER ou INTERCITÉS, le pass Interrail, comparer les prix en ligne...", conseille Rosalie. Et certaines alternatives peuvent,selon elle, justifier un tarif plus élevé, "comme le train de nuit, qui fait économiser une nuit d’hôtel, ou la traversée jusqu’en Corse à la voile, pour se prélasser sur le pont du bateau en admirant les dauphins !".

Convaincre son entourage

Convaincus par ce mode de voyage, ils influencent désormais leurs proches. Corentin a suggéré à sa famille de prendre le train lorsqu’ils viendront le voir au Danemark. "Ils vont probablement le faire pour l’aller alors que ce n’était pas du tout quelque chose auquel ils auraient pensé", souligne le jeune homme.

"Je recommande à tout le monde de faire au moins un voyage comme ça dans sa vie", ajoute Magali, qui a aussi converti ses parents. Lorsque ses amis veulent partir en vacances en avion, elle les rejoint en train. Et si ce n’est pas faisable, elle tire un trait sur le voyage. "C’est dur à vivre mais ça fait aussi passer un message."

Il faut reconsidérer le trajet comme une partie du voyage à part entière

Rosalie Borde, responsable des partenariats chez HOURRAIL !

Pour Rosalie, voyager sans prendre l'avion devient une aventure. "Il faut reconsidérer le trajet comme une partie du voyage à part entière. Ne plus avoir l’impression de perdre son temps dans les transports mais au contraire, découvrir un voyage plus lent, à base de trains de nuit, de paysages qui défilent par la fenêtre du train ou le hublot du bateau", décrit la jeune femme.

Un long trajet en train est moins fatigant. Vous n’avez pas besoin d’aller jusqu’à l’aéroport, de prévoir beaucoup d’avance, de passer tous les contrôles…

Magali

Son premier trajet a pris deux jours. "J’avais prévu de prendre mon temps et de dormir à Hambourg", explique-t-il. Lors des fêtes de Noël, il a rejoint Montauban depuis Rødby, la ville danoise où il habite, grâce à un ferry puis des trains. Le ferry qui relie Rødby à Puttgarden, en Allemagne, va justement être remplacé par le projet sur lequel Corentin travaille lors de son VIE : un tunnel immergé pour faire le trajet en train et en voiture, bien plus rapidement qu’en bateau. 

Quel est l'impact écologique du mode de transport pour vos vacances ? Découvrez le avec l'Ademe

2025-06-30T12:04:40Z